Une impressionnante collection française d’automobiles, oubliée depuis 50 ans et valant aujourd’hui plus de 22 millions de dollars, sera offerte aux amateurs lors d’une vente organisée par Artcurial durant le salon Rétromobile à Paris.
Cette collection stagnait sous des abris de fortune à toits de tôle ondulée et sous les auvents des dépendances d’une propriété privée de l’ouest de la France, près de La Rochelle.
Elle réunit des voitures datant des années 20 aux années 70 dont plusieurs arborent des noms mythiques : Bugatti, Hispano-Suiza, Talbot-Lago, Panhard-Levassor, Maserati, Ferrari, Delahaye, Delage, etc. Des pièces d’autant plus étonnantes que plusieurs portent la signature de grands carrossiers d’autrefois, dont Chapron, Saoutchik, Frua et Million-Guiet.
Une collection valant des millions !
À l’abri dans un garage, les spécialistes d’Artcurial qui ont découvert cette collection ont trouvé dans un « bon état de conservation » une Maserati A6G Gran Sport carrossée par Frua. Le carrossier italien en avait réalisé trois en 1956. Les experts d’Artcurial estiment sa valeur en 800 000 et 1,2 million d’euros (1,1 et 1,7 million de dollars)
Tout près, sous des piles de journaux, reposait ce qui pourrait être le joyau de la collection : la Ferrari 250 GT SWB California Spider (à châssis court et phares carénés) qui a appartenu à l’acteur français Alain Delon. Une voiture qu’on a souvent vue dans les photos publiées par les grands magazines de l’époque avec Delon au volant en compagnie, tantôt de Jane Fonda lors du tournage du film Les félins, en 1964, tantôt avec de Shirley MacLaine sur la Côte d’Azur.
Construite à seulement 37 exemplaires et perdue de vue depuis longtemps, cette décapotable carrossée par Pininfarina sera sans aucun doute très convoitée par les collectionneurs lors de la vente. Elle vaudrait de 9,5 à 12 millions d’euros (13,5 et 17 millions de dollars)
Il en ira sûrement de même pour plusieurs autres pièces comme ces trois (!) Talbot Lago T26 carrossées par Saoutchic : une Grand Sport Aérodynamique, un coupé Record, de même qu’un cabriolet ayant appartenu au roi Farouk, monarque d’Égypte de 1936 à 1952.
Dans son ensemble, la collection Baillon est évaluée à plus de 22 millions de dollars.
Un rêve inachevé
Cette collection appartenait à Roger Baillon, le propriétaire d’une entreprise de transport basée dans l’ouest de la France. Constituée à partir des années 50, il envisageait de restaurer les voitures avant de créer un musée pour les exposer.
Dans les années 70, avant que les restaurations n’aient été amorcées, des revers financiers mirent fin au rêve de l’homme d’affaires, qui dut même vendre une cinquantaine de voitures.
Après le décès de Roger Baillon, survenu au début des années 2000, la collection qui était restée secrètement figée dans le temps pendant des dizaines d’années aurait pu disparaître. C’est le décès récent du fils de Baillon qui a mené les héritiers de ce dernier à contacter Artcurial. Alors, la découverte a eu lieu.
Matthieu Lamoure, directeur d’Artcurial Motorcars, le département automobile de la firme française d’enchères, déclare : « depuis la révélation de la collection Schlumpf de Mulhouse, jamais une telle réunion d’automobiles emblématiques n’avait été dévoilée, mais plus encore, dans un tel état d’origine. Nous invitons le public de Rétromobile à partager notre émotion, comparable à celle qui étreint Lord Carnarvon et Howard Carter pénétrant dans la chambre de Toutankhamon ! »